Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a adressé un message à l’occasion de la commémoration du 61e anniversaire du déclenchement de la Révolution du 1erNovembre 1954, dont voici le texte intégral :
« Mesdames, Messieurs,
Il m’est particulièrement agréable de partager avec vous la commémoration du 61ème anniversaire de la Glorieuse Révolution du 1er Novembre 1954, et de nous recueillir ensemble à la mémoire de nos glorieux martyrs.
Je salue aussi mes compagnons de lutte, moudjahidine et moudjahidate, leur souhaitant santé et longue vie, pour qu’ils soient témoins d’autres avancées de l’Algérie, pour laquelle ils ont sacrifié leur jeunesse, l’Algérie pour laquelle sont tombés au champ d’honneur nos valeureux frères d’armes.
Evoquant l’Algérie en armes, je voudrais également rendre hommage aux officiers, sous-officiers et hommes de rang de l’Armée Nationale Populaire, digne héritière de l’Armée de libération nationale, et des différents corps de sécurité, qui veillent sur l’intégrité de la Patrie et sur la sécurité des citoyens.
Mesdames, Messieurs,
La majestueuse Révolution de Novembre a marqué l’histoire contemporaine. En effet, au-delà de nos frontières, la Révolution de Novembre est l’objet de respect sur tous les continents, en hommage à la vaillance du peuple algérien en lutte, en reconnaissance de la fierté qu’elle a procurée à la Nation arabe, et au regard de ce qu’elle a pesé dans l’accélération de l’indépendance d’autres pays africains.
D’ailleurs, l’historique résolution 1514 de l’Assemblée générale des Nations Unies, proclamant le droit à l’indépendance pour les peuples et les pays coloniaux, adoptée en décembre 1960, aura été un écho au soulèvement pacifique par lequel notre peuple affirmait, au même moment, que l’Armée de Libération nationale combattait en son nom, et pour proclamer qu’il n’accepterait d’issue à son combat que l’indépendance de l’Algérie.
Mesdames, Messieurs,
La Révolution de Novembre n’a pas seulement libéré notre peuple de la domination coloniale. Elle a ressuscité l’Algérie, victime de 132 années de négation de son histoire, de sa culture, et même de son peuple, à travers une vaine tentative de la réduire au rang de simples départements de l’occupant.
La Révolution de Novembre a été aussi la confirmation de l’attachement farouche de nos ancêtres à travers les millénaires, à leur terre, à la liberté et à la dignité, et c’est par cela qu’elle est devenue une référence identitaire de notre pays et de notre peuple.
En effet, c’est Novembre qui est derrière le refus par l’Algérie de toute forme d’ingérence dans ses affaires et de présence étrangère sur son sol.
C’est Novembre qui est la source où notre peuple puise le surcroît d’énergie nécessaire pour son sursaut national, chaque fois qu’il est confronté à des défis extrêmes, dont la Tragédie nationale aura été un douloureux exemple.
En effet, c’est dans la solitude que le peuple algérien a eu à lutter pour la survie de sa Patrie face à la folie du terrorisme, une lutte durant laquelle les valeureux moudjahidine ont donné l’exemple pour une mobilisation citoyenne salvatrice.
Notre peuple a, par la suite, offert au monde une démonstration admirable d’amour de la Patrie, de sublimation de la vie que le Saint Coran a sacralisée.
La Concorde civile puis la Réconciliation nationale furent et demeurent un exemple de Patriotisme, une affirmation que l’Algérie est au-dessus de tout pour chacun de nous, ainsi qu’un hymne à l’unité nationale grâce à laquelle toute grande entreprise se retrouve à notre portée.
Mesdames, Messieurs,
Chaque fois que l’indépendance, la liberté, la paix et la sécurité ont été restaurées, les artisans et les enfants de la Révolution de Novembre ont su prouver au monde leur capacité de bâtir.
Ce fut le cas après l’indépendance, lorsque notre pays exsangue a dû faire face, avec courage, aux attentes de centaines de milliers de veuves et d’orphelins, ainsi que de millions de citoyens ayant perdu leurs terres et leurs demeures, et cela dans un manque cruel de ressources et d’expériences.
Deux décennies durant, le peuple algérien a relevé le défi de son développement éducatif, social et économique. A l’étranger, aussi, l’Algérie était un partenaire incontournable et une voix autorisée, chaque fois qu’il s’agissait des droits des peuples, de la paix, et du développement.
Plus proche de nous, vous êtes des acteurs et des témoins de ce que l’Algérie a pu concrétiser, depuis que le brasier de la Tragédie nationale s’est, grâce à Dieu, éteint.
La crise du logement a reculé avec la réalisation de millions d’habitations.
Le système éducatif a réceptionné plus de 3.000 collèges et lycées alors que l’université accueille désormais plus d’un million et demi d’étudiants. Le chômage a reculé fortement aussi et l’investissement économique a progressé même si ce n’est pas au niveau de nos attentes encore. Tels sont quelques exemples de tout ce que l’Algérie a concrétisé depuis 1999.
Nous sommes déterminés à poursuivre cet effort de développement national malgré la crise mondiale des hydrocarbures, qui nous coûte la moitié de nos recettes extérieures, une crise qui pourrait persister quelque temps, du fait de facteurs économiques et géopolitiques.
De fait, l’Algérie dispose d’atouts pour surmonter cette étape difficile et pour poursuivre ses conquêtes économiques et sociales, qu’il s’agisse de la jeunesse formée et des infrastructures de base, ou qu’il s’agisse d’un réseau industriel respectable déjà, ou qu’il s’agisse encore de nos potentialités agricoles, minières et touristiques.
Nos atouts résident également dans la tradition du dialogue entre partenaires économiques et sociaux, qui permet de forger les consensus à même d’accompagner les réformes économiques nécessaires, et de pérenniser la justice sociale et la solidarité nationale.
Nul doute, mes chers compatriotes, que vous saurez, à l’image de vos compagnons ou de vos aînés artisans de la Révolution de Novembre, gagner la bataille de la productivité et de la compétitivité, d’autant qu’il s’agira par là de consacrer l’indépendance et la souveraineté économiques du pays, et d’accompagner de ces atouts l’intégration de l’Algérie dans la mondialisation qui ne fait guère de place aux faibles.
Mesdames, Messieurs,
Depuis que vous m’avez investi de votre confiance, en me portant à la Présidence de la République, je n’ai eu de cesse d’œuvrer au renouveau national auquel j’ai appelé dès 1999.
Beaucoup de réalisations ont déjà été concrétisées, mais d’autres restent à consolider ou à parachever, y compris dans les domaines politique et de la gouvernance, et le projet de révision constitutionnelle qui sera bientôt rendu public, se projette dans cette direction.
Il en est ainsi de l’aspiration que ce projet reflète, à consolider l’unité nationale autour de notre histoire, de note identité et de nos valeurs spirituelles et civilisationnelles.
Il en est de même dans la volonté qu’il incarne de promouvoir la place et le rôle de la jeunesse face aux défis du millénaire.
Il en est de même également à travers les garanties nouvelles que ce projet de révision propose, pour conforter le respect des droits et libertés des citoyens ainsi que l’indépendance de la justice.
La même approche guide aussi l’approfondissement de la séparation et de la complémentarité des pouvoirs, en même temps que l’opposition parlementaire sera dotée des moyens d’assumer un rôle plus actif, y compris par la saisine du Conseil constitutionnel.
Enfin, la dynamisation des institutions constitutionnelles de contrôle, tout comme la mise en place d’un mécanisme indépendant de surveillance des élections, participent d’une même volonté d’affirmer et de garantir la transparence dans tout ce qui est relatif aux grands enjeux économiques, juridiques et politiques dans la vie nationale.
J’espère que cette révision constitutionnelle contribuera à l’affirmation d’une démocratie plus apaisée dans tous les domaines, ainsi qu’à davantage d’épanouissement des énergies des acteurs politiques, économiques et sociaux du pays, au service des intérêts de notre peuple, le peuple qui est la source exclusive de la démocratie et de la légitimité, le peuple qui est le seul arbitre souverain de l’alternance au pouvoir.
Mesdames, Messieurs,
Les grands choix et les réalisations majeures que les civilisations et les peuples ont connus, ont, de tout temps, été l’aboutissement logique d’une force de résolution et de volonté, d’une communion sincère avec l’histoire, d’une foi inébranlable des nations en leurs capacités propres et dans leur capital de valeurs.
C’est grâce à cela que la glorieuse Révolution de Novembre a mérité d’entrer dans l’histoire des grandes révolutions en générant une multitude de valeurs et en s’inscrivant, à jamais, comme modèle pour tous ceux qui aspirent à la liberté et à l’indépendance.
A la faveur du rajeunissement des cadres gestionnaires des entreprises étatiques, j’ai grand espoir que la jeune génération puisse concourir activement à l’édification d’une Algérie développée et prospère, mue par le même esprit qui a animé leurs aînés qui ont libéré l’homme et la terre.
J’exhorte toutes les Algériennes et tous les Algériens à bien considérer les enjeux de l’étape, de garder leur sang-froid devant les défis qui sont, souvent, exagérés dans le but d’effrayer le peuple, de le faire douter de ses capacités et d’ébranler sa confiance en ses dirigeants et ses cadres.
Je suis persuadé que notre peuple, exercé à affronter les difficultés et à relever les défis, saura dépasser cette étape porteuse de crises, en puisant dans ses vertus innées que sont la patience et la détermination, l’amour de la patrie, la défense de ce qu’il a de sacré et ses richesses, la sauvegarde
de sa liberté et de la souveraineté de sa décision, quels que soient la difficulté de la situation et le danger encouru.
Tel est, donc, le message de recueillement et d’espérance que j’ai souhaité partager avec vous, Mesdames, Messieurs, en cette halte du souvenir et du recueillement, propos que j’accompagne de tous mes vœux pour la grandeur de l’Algérie ainsi que pour le bonheur et le bien-être de son peuple.
Gloire à nos Martyrs!
Vive l’Algérie!